En réponse à « « Une autre réforme des retraites est possible ! »
gillesdavid | 26 janvier 2011Dans la rubrique « Débats/ Décryptages » de son édition du 9 septembre, « Le Monde » publie un article intitulé « Une autre réforme des retraites est possible ! » Moi, René Cadiou, administrateur territorial en retraite, ancien chef de cabinet d’Edmond Michelet et ancien conseiller technique des cabinets de Raymond Marcellin, souhaite y répondre si vous avez de l’amabilité de publier mon texte.
« Il est proprement affligeant de lire de pareilles banalités et contrevérités sous la plume de gens reconnus dans les domaines de l’économie, de la sociologie et de l’histoire.
S’abaisser à affirmer que l’urgence ne dépend que des menaces des agences de notation est d’une démagogie qu’on ne soupçonnerait pas venir de personnalités aussi notoirement connues. Depuis le rapport de Michel Rocard, le temps pour la discussion n’a pas manqué. Qu’avons-nous fait, alors que l’Allemagne avait mis en chantier ses réformes dès 1992 ? Le contraire ! Quelques années auparavant, en toute connaissance de l’évolution démographique, la gauche a abaissé l’âge de la retraite à 60 ans et, quelques années plus tard, a réduit la durée hebdomadaire du travail à 35 heures. A part la mise en place du COR et la création d’un fonds de réserve, seule la droite a été assez courageuse pour amorcer les indispensables réformes, en 1993 et en 2003.
A contrario, donc, si je suis les signataires, s’il n’y avait pas d’agences de notation, quelle aubaine, nous n’aurions pas à nous soucier de combler les déficits, peut-être pourrions-nous même les creuser davantage. Heureusement, la vieille revendication de toutes les gauches, « mettre à contribution les revenus du capital et les hauts revenus », est là pour satisfaire toutes les démagogies. Nos prélèvements obligatoires sont des plus élevés, ils contribuent, pour la plus grande part, à réduire notre compétitivité, nous ne cessons de perdre des parts de marché, contrairement à nos voisins allemands, et, bien entendu, des emplois. Quant aux « hauts revenus », je ne vois pas d’inconvénients à ce qu’ils soient davantage imposés, mais que pourrions-nous en tirer de substantiel, d’autant qu’ils peuvent toujours s’exiler sous des cieux plus cléments ? Le « droit à la retraite est un droit fondamental », j’en suis bien conscient parce que j’en vis. Mais, hélas ! Il est aussi intimement lié à l’évolution démographique à plus ou moins long terme et aux conditions économiques du moment, conditions qui, si elles s’améliorent, ne nous laissent pas moins face aux redoutables compétiteurs que sont la Chine, l’Inde, voire le Brésil, qui se moquent bien de nos états d’âme. »