Petit retour sur 2010 - La réforme des retraites -
gillesdavid | 26 janvier 2011Article réalisé par René CADIOU de Quimperlé
L’appel aux lycéens. C’est le comble de la démagogie, de l’irresponsabilité, pour ne pas qualifier cette attitude de quasi-criminelle. Que savions-nous en 1960, j’avais 29 ans, de la situation qui serait la nôtre en 2010 ? Que savent ceux qui les incitent à se joindre à eux de la situation qui sera la leur en 2060 ? D’éminents spécialistes pensent que ce siècle verra entre 16 et 18 changements profonds affecter le système économique mondial, beaucoup plus qu’au cours des 6 siècles qui viennent de s’écouler. Nous y préparons-nous ? Non !
L’homme est fait pour relever les défis que nous lancent la mondialisation, les nouveaux compétiteurs, Chinois, Indiens, Brésiliens. Il y a peu d’appels dans cette direction. Paul Hutin a rappelé, en première page, le rapport de Madame Vike-Freiberga sur le devenir de l’Europe : « La France ne pourra maintenir son train de vie en travaillant 35 heures par semaine et en partant à la retraite à 58 ans. C’est très clair ! On peut l’appeler de tous ses vœux, le chanter sur tous les tons, c’est impossible ! » La presse, d’une manière générale, se fait l’écho de nos gémissements et les soutient par des exemples d’une affligeante débilité, comme celui de cet informaticien territorial, crevé à 59 ans, qui ne pourrait accomplir 3 mois de travail supplémentaire. Nul appel au courage, à la lucidité.
Tous les pays ont réformé leur système de retraite en raison de l’évolution défavorable de la démographie. Dès 1984 la Suède a entrepris une réforme profonde qui, de plus, tient compte des aléas de l’économie. Cette réforme n’a d’autre but que de satisfaire les agences de notation, soutiennent quelques brillants économistes, sociologues et historiens. Qu’elles nous maintiennent un triple A ou nous infligent un double B, ne changera rien au fait qu’en 2050 la France comptera 22,3 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, pour 12,6 millions en 2005. Pour ce qui nous concerne, elle est aussi financière. Pourquoi ? Deux années avant la décision prise par les Suédois, nous avons fait l’inverse. Nous avons ramené l’âge légal de 65 à 60 ans, ajoutant ainsi 5 années supplémentaires à la charge de la Caisse de retraites, ont suivi les préretraites, jusqu’à 700.000 par an, chargeant ainsi de plus de 2 nouvelles années ladite caisse, puis nous avons institué les 35 heures et, enfin, dispensé les chômeurs de plus de 57 ans, de rechercher un emploi. C’est donc, au moins 10 années, qui ont été ajoutés au fardeau déjà lourd des retraites. La Fontaine ne nous a rien appris, plus cigales que fourmis.
Quelle est la solution ? Il faut taxer le capital hurle la gauche. Quelle le fasse ! Qu’elle précise à quelle hauteur ! A l’horizon 2018, il manque 45 milliards pour régler le problème, jusqu’à ce moment. C’est quoi 45 milliards ? Selon le budget 2010 de l’Etat, c’est 91,83% de l’impôt sur le revenu, 128,57% de l’impôt sur les sociétés, 28,11% de la T.V.A. nette. Il manque 20 milliards à la Sécurité sociale. Le budget 2010, en lui-même, est déficitaire de 55,08%, notre endettement s’élève à 1.600 milliards. J’ajouterais, en cette période du salon de l’automobile, que seulement 27% des composants qui entrent dans la construction d’une automobile fabriquée en France, sont fabriqués chez nous. Pourquoi nous gênerions-nous ? Faisons comme si tout cela n’existait pas et, à défaut de Dieu, les Chinois finiront par y pourvoir.