UNE NOUVELLE CIVILISATION
gillesdavid | 3 novembre 2012
De notre ami René Cadiou
Je voudrais, surtout, vous dire qu’il faudra que nous secouions nos concitoyens et que nous les amenions à comprendre et admettre que nous ne sommes pas seulement entrés dans la mondialisation mais aussi dans une nouvelle civilisation.
« Les Français ont peur » titrait l’éditorial d’Ouest-France de ce jour. Peur de la situation économique et des mesures qu’il faudrait prendre pour la redresser. En réalité, nous avons peur de tout, du nucléaire, des nanotechnologies, des OGM, du trou dans la couche d’ozone, il est en train de se combler. Mais nos dirigeants, au lieu d’essayer de nous donner une autre vision des évolutions du monde, s’arrangent pour crédibiliser nos peurs. Ainsi lorsqu’il s’est agi du principe de précaution. A l’époque, j’avais écrit à notre ami Jacques Chirac ces quelques mots : « Un pays qui inscrit le principe de précaution dans sa constitution, est un pays qui est déjà entré en agonie. »
Nous ne cessons pas de nous imposer des normes tout en proclamant la nécessité d’alléger la réglementation. Il y a quelques mois, au CODERST, nous avions à nous prononcer sur une sorte de cahier des charges qui va s’imposer désormais aux éleveurs. C’est de la démence ! Bien entendu, les services consultés avaient tous de bonnes raisons pour justifier leurs prétentions. Dans ce domaine, nous avons perdu 50% de la production ovine, 20% de la production bovine, 15% de la production porcine, Les emplois de transformation qui vont avec sont menacés ou en train de disparaître, à telle enseigne que nous allons nous trouver en déficit extérieur sur l’agro-alimentaire.
Alléger le coût du travail est une nécessité mais ce n’est pas une condition suffisante à l’amélioration de notre balance commerciale, encore faut-il alléger la fiscalité et avoir quelque chose à vendre. Ce n’est pas le cas ! Nos entreprises de taille moyenne dégagent une rentabilité égale à 30% des entreprises allemandes de même taille et elles vont devoir supporter une fiscalité plus lourde encore que celle déjà trop lourde qu’elles supportaient. François Hollande a dit hier qu’il y aurait des exonérations en faveur des entreprises qui font telles choses, d’autres qui font telles autres, e.t.c.. Si les exonérations sont si nombreuses, on peut se demander qui va supporter le poids des impôts nouveaux.
Il faut aussi avoir présent à l’esprit que la pression extérieure sur nos industries va continuer et, sans doute, s’aggraver.
Il y a quelques jours, je lisais dans le « Figaro économique », qu’un formidable complexe était en cours de finition dans le désert saoudien. Il s’agit de raffinage et de pétrochimie. Ce complexe fait deux kilomètres sur deux, 39.000 ouvriers y ont travaillé. Les investisseurs sont l’ARAMCO, la compagnie pétrolière saoudienne, pour 65% et TOTAL pour 35%. Cela veut dire que, au fil du temps, plus une goutte de pétrole ne sortira de ce pays sans qu’en ait été tiré tout ce qui peut en être tiré. Pour la faire fonctionner il faut beaucoup d’énergie, le gaz, jusqu’alors perdu, sera utilisé mais ne suffira pas, il faudra du nucléaire. Aujourd’hui, les « Echos » nous apprennent que la Chine relance le nucléaire et vont développer leur production de gaz de schiste. Au même moment, nous abandonnons l’industrie où nous sommes en pointe, le nucléaire, et refusons d’examiner les conditions dans lesquelles nous pourrions extraire le gaz de schiste sans trop de risque.