Héros Breton..
gillesdavid | 22 janvier 2011Article réalisé par Monsieur René CADIOU de Quimperlé
« Héros breton » Réponse à Jean Cévaër de Pornichet, Courrier des lecteurs du 30 juillet 2010)
Jean Cévaër a raison sur un point : « Henri de Kerillis était un antifasciste militant. » Un héros ? Il aurait pu l’être, il en avait certainement toutes les qualités.
En 1938, à la Chambre des Députés, il fut l’un des deux députés non communistes, le seul de droite, à voter contre les « accords de Munich ».
A Londres, en juin 1940, il a effectivement offert ses services au Général de Gaulle. Il s’est ensuite rendu à New-York où, en compagnie de Geneviève Tabouis, il a collaboré au journal « Pour la Victoire » qui soutenait la résistance du Général de Gaulle.
Puis il a apporté son soutien au Général Giraud qui, ne l’oublions pas, soutenait la politique de Vichy en Afrique-du-Nord, nos concitoyens de confession israélite demeuraient détenus, il n’avait aucune des qualités d’un homme d’Etat, et s’était laissé imposer par les Américains une parité monétaire qui nous était extrêmement défavorable.
La vie aux Etats-Unis n’avait rien à voir avec celle des Anglais et encore moins avec celle des Français. Est-ce le confort, l’absence de danger, l’influence de la Maison Blanche ? Toujours est-il que d’éminents français comme Alexis Léger ont passé plus de temps à dénigrer de Gaulle qu’à servir leur pays, ce que faisait, par ailleurs, l’envoyé de Franklin Roosevelt auprès du Maréchal Pétain, l’Amiral Leahy.
Aucune comparaison n’est possible entre les gaullistes de cette époque et les communistes. Les premiers s’appelèrent ainsi pour témoigner de la précocité de leur engagement aux côtés du seul homme qui s’était levé pour refuser la défaite, sans doute intransigeants dans leur patriotisme exprimé avec force. Les seconds avaient fait leur la philosophie marxiste-léniniste, en fait une idéologie, ce qui n’a rien à voir avec le refus d’une défaite.
Mais, en 1935, lorsque Henri de Kerillis s’est rendu à Moscou, il était partisan de cette stratégie qui avait notre faveur, que nous recherchions, celle des alliances de revers ; il en était revenu très favorable à une alliance franco-soviétique, comme l’atteste son ouvrage « Paris-Moscou en avion ».
Henri de Kerillis était un grand patriote qui n’a jamais admis s’être trompé. Son refus de le reconnaître lui a fait écrire des stupidités qui, fort heureusement, n’ont pas toutes été publiées. Celle, en particulier, où il imputait au Général de Gaulle la responsabilité de l’assassinat de son fils par la Milice. Par contre « De Gaulle dictateur » a bien été publié. Ce dictateur, bien atypique, démissionna le 20 janvier 1946. Mais, nous, Français, avons cette particularité des assimilations abusives, du genre « réussite/fric », ou général/dictateur. J’ai d’ailleurs dû rectifier, le 18 juin dernier, les propos d’un ami dont je ne doute pas des sentiments républicains : « Nous pouvions craindre de la part d’un général . . . » Mais de nos cruels dictateurs du 20ème siècle, Staline, Hitler, Mussolini, Salazar, aucun n’était militaire.
Henri de Kerillis ne s’est jamais remis de ses erreurs. Ulcéré il s’est enfermé dans son chagrin, refusa de revenir en France et mourut, le 11 avril 1958, dans sa ferme de Long Island.
Les années passant, par ignorance, par calcul, pour se placer, la tentation est grande de travestir l’histoire. Les glorieuses pages écrites, tant par le Général de Gaulle que par Winston Churchill, sont sans équivalents dans l’histoire moderne. Tous les deux ont refusé l’humiliation de l’armistice, la soumission à l’occupant nazi, pour l’un, un « arrangement » avec l’Allemagne nazie pour l’autre, ce que peut être un autre gouvernement aurait accepté. Face aux bouleversements qui menacent notre quiétude nous devrions nous pénétrer de la détermination de ces deux hommes exceptionnels afin de nous prendre en charge et « épouser notre temps ».