La situation financière, la « Crise ».
gillesdavid | 12 octobre 2011De notre ami René CADIOU
L’Union Européenne se trouve, aujourd’hui, face à un péril qui pourrait être aussi dévastateur sur le plan économique, (il s’agit de ce qui conditionne notre vie), que l’a été la Seconde guerre Mondiale sur le plan humain.
Dans la solution de la dette grecque et plus généralement de la dette européenne, les pays qui la composent traînent les pieds, leur égoïsme saute aux yeux, chacun ayant de bonnes raisons pour différer son engagement, voire refuser toute contribution. Entre les deux guerres mondiales, les démocraties ne se comportaient pas différemment. Après avoir fait preuve de la plus grande arrogance et accouché du désastreux Traité de Versailles, aux discussions duquel les vaincus ne furent pas admis, elles sont allées de renoncements en renoncements, incapables de se mettre d’accord sur une stratégie face à la montée du nazisme. Elles avaient pris des engagements envers les pays de l’est européen qu’elles savaient ne pouvoir tenir. Elles ont laissé dépecer, puis disparaître la Tchécoslovaquie. Enfin, après l’invasion de la Pologne qui, soit dit en passant, avait profité de l’entrée de l’Allemagne en Tchécoslovaquie pour s’emparer du Territoire de Teschen, elles ont réagi et sont entrées en guerre l’arme au pied, incapables de prendre la moindre décision entre le 3 septembre 1939 et le 10 mai 1940. 50 millions de morts, les vainqueurs, sauf les U.S.A., et les vaincus ont vu leurs pays ravagés et leurs économies détruites, tel fut le bilan.
L’Union Européenne est une puissance économique et financière considérable. Avec moins de 7% de la population elle contribue pour 27% au P.I.B. mondial. Elle a aussi des fragilités que nous ferions bien de ne pas oublier. Elle n’a pas de matières premières, sa démographie stagne, relativement, même, elle recule, c’est-à-dire que sa population vieillit, que cela entraîne une tendance au repli sur soi, au négativisme, au refus de l’avenir au nom du passé. Les pays européens, les plus vertueux comme les plus laxistes, les plus forts économiquement comme les plus faibles, ne maintiendront leur rang qu’en fortifiant leur union. Que lui manque-t-il ? Parler d’une seule voix ! Qu’elle mette fin à la règle de l’unanimité. Ce n’est pas facile d’accepter une subordination, Bruxelles est déjà considérée comme insupportable. Ce n’est que le 23 mars 1918, alors que les Allemands disposaient de tous leurs moyens sur leur front de l’ouest, que les Alliés ont accepté le commandement unique du Maréchal Foch. Aujourd’hui, la nécessité se fait aussi impérieuse qu’elle ne l’était en 1918.
Ce Fonds Européen de Stabilité Financière, mal accepté, difficile à doter, trop faible si l’Italie était attaquée comme l’est la Grèce, pourquoi ne pas le transformer en un Fonds de Garantie qui prendrait en charge 30 voire 50% de l’endettement de l’Union ? Les Institutions européennes ne sont pas endettées, à partir de ce Fonds pourrait être organisé une marché de la dette actif et crédible, la Chine, le Brésil et l’Inde, notamment, sont prêts à acheter sur ce marché s’il existait. Les pays européens s’engageant, bien entendu, à payer les intérêts qui courent pour chacun d’entre eux et à accepter une discipline budgétaire. Je pense que ce système serait préférable à un abandon par les banques de 50% de leurs créances sur la Grèce, qui ne manquerait pas d’être considéré comme un défaut avec les conséquences qui s’en suivraient.