De la folie à la tromperie délibérée
gillesdavid | 6 juin 2012La plume de notre ami René Cadiou, toujours aussi affutée
Les déclarations du Président de la République à Antenne 2 :
«. . . peut-être, vers le mois de juillet, faudra-t-il décider de quelques efforts. »
Celles du Premier Ministre :
« Attendons l’audit de la Cour des Comptes. »,
laisseraient penser aux Français, qu’ils ignorent tout de la situation, ce qui ne les empêchent pas de faire le contraire de ce qu’il faudrait faire et de se poser en donneurs de leçons.
Pourtant, la Commission de Bruxelles vient de rappeler le gouvernement à ses responsabilités, la chute de 19,4% de nos parts de marché à l’exportation en cinq années, le haut degré de protection sociale qui empêche toute flexibilité au marché du travail, les dépenses publiques trop élevées, le mauvais signal envoyé par le retour partiel de la retraite à 60 ans.
La gauche ne consent aucun effort, elle les attend de la BCE, des crédits de la Banque Européenne d’Investissement et des eurobonds.
Mais nos entreprises ont davantage besoin qu’on allège leurs charges qu’on leur prête de l’argent.
Qu’avons-nous fait des facilités que nous a procurées l’euro durant les 6 premières années de son existence ? A réduire la durée du travail et à augmenter les salaires. Il y avait là l’équivalent des eurobonds, comme ils le sont également dans les charges fiscales et sociales imposées aux entreprises.
Pourquoi sont-elles menacées et perdent-elles leur marché ? Parce qu’elles ne sont pas assez rentables ! Et parce qu’elles ne sont pas assez rentables, elles ne peuvent plus financer à la hauteur souhaitable leur recherches et leur développement, elles ne couvrent que très faiblement ou pas du tout, leurs coûts de revient. Elles sont souvent obligées de se livrer aux Fonds de pension, dont il est alors aisé de stigmatiser la voracité et, nouveaux boucs émissaires, d’y associer tous les actionnaires.
Mais à qui la faute ? Les près de 50 milliards d’impôts nouveaux, de cotisations et de taxes, la suppression des allègements sur le coût du travail, ce ne sont pas les Fonds de pension qui l’ont décidés. PSA a vendu 28,5% de moins de véhicules, Aulnay-sous-Bois va probablement fermer, l’inquiétude monte à Rennes la Janais et nous n’entendons parler que de charges nouvelles. « Un choc fiscal sans précédent. », écrit Christian Saint-Etienne.
Nous sommes plongés dans des crises qui ne sont, en fait, que le signe d’un changement profond de société, nous sommes entrés dans une autre époque. Nous ne retrouverons plus la situation qui a été celle que nous avons connue depuis la fin de la dernière guerre. Ce sera autre chose, avec, probablement, une quasi-stagnation économique durant, peut-être, plusieurs dizaines d’années. A cette quasi-stagnation, s’ajouteront de nombreux autres dangers, les conflits incessants, la rareté et le coût de l’énergie, celle de l’eau, des terres cultivables, l’évolution, difficile à maîtriser, des pays émergents, notamment de la Chine. C’est de cela qu’il faut se préoccuper.
Il n’y a vraiment pas besoin d’attendre l’audit de la Cour des Comptes pour prendre les bonnes décisions.