Réponse à Jean-Jacques Urvoas par René Cadiou
gillesdavid | 1 août 2011
Dans Ouest-France du 28 juillet, Jean-Jacques Urvoas, député socialiste du Finistère, critique comme contraire aux usages de la Vème République, ce ne sont que des usages, la lettre que Nicolas Sarkozy a adressé aux parlementaires en leur demandant de vouloir bien accepter qu’une disposition visant à limiter à 3% le déficit des comptes publics soit inscrite dans la Constitution, et, circonstance aggravante, s’indigne que cette proposition émane d’une majorité responsable de 7 années de déficit excessif.
Jean-Jacques Urvoas a, d’une part, la mémoire courte et, d’autre part, ne fait aucune distinction entre la dette structurelle, qui s’est envolée en 1981 et n’a cessé d’augmenter depuis, et la dette conjoncturelle née de la crise financière mondiale. Il a de même, semble-t-il, oublié que son champion pour les présidentielles, invalidé par quelques entrechats newyorkais, indiquait clairement la voie à suivre en cas de crise : « Creusez les déficits ! »
Lorsque Raymond Barre a cédé son fauteuil de Premier Ministre à Pierre Mauroy, la dette ne représentait que moins de 22% du P.I.B.. Cinq années après, Jacques Chirac a hérité d’une dette portée à 31%, il l’a, lui-même, légèrement augmentée pour la laisser à 33% à Michel Rocard. Lorsque la gauche a quitté le pouvoir en 1993, la dette s’élevait à 50% du P.I.B.. En 10 années à la tête de l’Etat et du gouvernement, elle a multiplié la dette par plus de deux.
En 1986, après 3 dévaluations successives, 2 plans de rigueur, près d’un million de chômeurs supplémentaires, malgré l’embauche massive de fonctionnaires, et en chargeant de 5 nouvelles années les Caisses de retraite, Jacques Chirac a hérité d’une économie plongée dans un enlisement durable. Qui ne voit qu’avec ses propositions actuelles, la gauche est restée la même ? Il y a quelques jours, dans « Le Monde », Plantu, qui n’est sans doute pas sarkosiste, a parfaitement illustré la permanence de ce comportement.
Il est juste de dire qu’Edouard Balladur a porté cette dette à 60% du P.I.B.. Il est non moins juste de dire que Lionel Jospin, bénéficiant, comme Michel Rocard 7 ans plus tôt, d’une sensible amélioration de l’économie, 3,2% de croissance en moyenne annuelle durant près de 4 ans, la dette, relativement au P.I.B., a chuté aux environs de 57%, sans que pour autant, l’un comme l’autre, aient songé à effectuer le moindre remboursement, conservant cette précieuse cagnotte en vue de se faire élire. A la fin de l’année 2007, elle avait atteint 1.211,6 milliards d’euros, soit 64,2% du P.I.B., sans doute le maximum atteint par la dette structurelle, ce qui est considérable et proche de l’insoutenable.
La crise financière internationale qui a suivi et à laquelle Nicolas Sarkozy a dû, et doit, faire face avec toute son énergie et toute sa connaissance des dossiers, est d’une tout autre ampleur que les évènements internationaux auxquels la gauche a été affrontée.
Enfin, alors qu’il lui est constamment reproché de ne pas avoir tenu ses promesses d’augmenter le pouvoir d’achat, il est utile de rappeler que sous la mandature de François Mitterrand, la part des salaires dans la Valeur ajoutée, a chuté de 68,7% à 62,6%. Entre 2007 et 2011, Nicolas Sarkozy l’a stabilisée à 65%, son meilleur pourcentage depuis 26 ans.
René Cadiou le 1er août 2011.